Les églises baptistes (2) en France
Plan:
1. les débuts du baptisme en France 1810-1832
2. Le coup de pouce venu de l'étranger 1832-1870
4. La triade baptiste continue son implantation 1921-1950
5. Une dynamique inter-évangélique 1950-2000
Introduction
Si les baptistes ont 400 ans en 2009, les baptistes français n’ont que 200 ans en 2010 !
Rappel : c’est en 1789 qu’est proclamée la liberté de conscience par la révolution française dans la Déclaration des droits de l’homme. Dans un premier temps, les protestants réformés français peuvent enfin relever la tête après des siècles de persécution. Le concordat de 1802 leur reconnaît une existence légale.
1. Les débuts du baptisme en France 1810 – 1832
Sous l’influence du Réveil de Genève, des petits groupes se créent vers la fin du 18ème siècle pour étudier la Bible. Ils se nomment eux-mêmes néo-protestants. L’un de ces groupes se créée en 1810 à Nomain, dans le Nord. Vers 1820, suite à la lecture d’un article présentant l’œuvre de W. Carey, le groupe décide d’être baptiste. Les responsables sont le pasteur Jean Devisme et l’évangéliste suisse Henri Pyt .Le groupe évangélise, relançant la mode des colporteurs, et essaime dans le Nord et jusqu’à Paris.
En 1832, on compte 5 ou 6 communautés.
C’est vers cette période qu’arrive la première crise : le baptisme est large, tolérant, mais manque d’identité au point que certains d’entre eux sont tentés par le retour au protestantisme réformé.
2. Le coup de pouce venu de l’étranger 1832 – 1870
Les baptistes britanniques et américains, déjà fortement structurés apprennent l’existence du baptisme français et ses difficultés. Ils voient l’arrivée de Louis-Philippe au pouvoir comme un signe pour démarrer une évangélisation massive en France. Les missions anglaise (Baptist Continental Society) et américaine (Triennal Convention) envoient des missionnaires, dont Erastus Willard qui créée une école pastorale à Douai en 1836 qui formera la première génération des pasteurs baptistes, dont Jean-Baptiste Crétin et François Vincent. Le missionnaire et professeur Irah Chase rédige la première confession de foi baptiste française. La doctrine s’affirme, devient plus ferme, grâce entre autres à Jean-Baptiste Crétin et ses nombreuses contributions. Face au baptisme large originel, le baptisme strict s’affirme.
Il s’ensuit une période de développement, malgré les difficultés car les pasteurs baptistes ne relevant pas du régime concordataire, n’étaient pas rétribués par l’état.
On arrive en 1870 à 2000 fidèles dont 700 baptisés.
3. Vers la division 1870 - 1921
Les églises se multiplient et les structures ne suffisent plus à encadrer le mouvement. Comment fédérer, comment s’organiser ? On cherche à créer une Union Baptiste impossible. Deux personnalités émergent : le nordiste Philémon Vincent, le méridional Ruben Saillens. A travers eux, deux cultures différentes s’opposent : ceux du nord, héritiers du baptisme large, vécu en terre catholique, peu soucieux de stricte orthodoxie doctrinale et pragmatique. De l’autre côté ceux du sud, en terre protestante, contraints d’affirmer la différence baptiste et attachés à l’orthodoxie doctrinale, héritiers de Jean-Baptiste Crétin, dont Ruben Saillens est le gendre.
Dans le même temps, les divisions outre-atlantique entre libéraux (remettant en cause certaines doctrines comme la rédemption) et fondamentalistes (réaffirmant les fondamentaux de la foi) sont exportées en France et enveniment la situation.
Finalement, en 1921, ce n’est pas une mais trois structures qui sont créées :
- la Fédération des Eglises Evangéliques Baptistes de France (FEEBF)
- l’Association Evangélique des Eglises Baptistes de langue Française (AEEBLF)
- l’Eglise et la mission du Tabernacle
En 1921 on comptait 5000 baptistes dont 1600 baptisés.
4. La triade baptiste continue son implantation 1921-1950
| FEEBF | Tabernacle | AEEBLF |
localisation | Nord et Paris rue de Lille et rue du Maine | Paris Tabernacle | Sud et est |
Environnement | Catholique |
| Protestant |
Tendance | Pluralisme Rattachement à la Fédération Protestante comprenant des libéraux Ouverture au pentecôtisme | Fondamentalisme modéré Rejet du pentecôtisme Indépendantisme | Fondamentalisme strict Rejet du pentecôtisme |
Personnalités | Philémon Vincent Henri Vincent Robert Farelly François Vincent Samuel Farelly | Ruben Saillens Arthur Blocher & Madeleine Blocher-Saillens (première femme Pasteur) | Ruben Saillens Robert Dubarry Georges Guyot
|
Activités | Accent sur l’évangélisation | Création de l’Institut Biblique de Nogent en tant que structure interdénomina-tionnelle, création de la Mission Biblique en Côte d’Ivoire, Evangélisation en banlieue | Accent sur la formation |
Soutien étranger | American Baptist Foreign Mission Society | Tabernacle de Londres | Perte du soutien |
En 1950 on comptait 10000 baptistes dont 3000 baptisés
5. Une dynamique inter-évangélique 1950-2000
Après la guerre un nouveau dynamisme relance le baptisme.
Des personnalités comme Jacques Blocher, André Thobois, puis Henri Blocher mettent tous leurs efforts pour s'investir dans une dynamique inter-évangélique : on invite le prédicateur Billy Graham en mobilisant toutes les églises évangéliques au-delà de leurs clivages. On crée le CEIA (centre évangélique d’action et d’information). Dans la lignée de l’Institut Biblique de Nogent, on crée la faculté de Vaux sur Seine (FLTE), inter-dénominationnelle, l’Association des Eglises de Professants.
Par ailleurs de nouvelles structures baptistes s’ajoutent à la triade historique :
- La Fédération des Eglises et Communautés Baptistes Charismatiques en 1983, suite à la création d’églises pentecôtisantes
- l’Alliance Baptiste de Paris Est et Nord, (ABEPEN) en 1984, regroupant des églises nées du travail de missionnaires anglais, canadiens et américains
- l’Alliance Baptiste de France
- et une nébuleuse d’églises indépendantes baptistes
Après une période de dispersion, la tendance est plutôt revenue au regroupement, considérant que nombre de sujets de division ont disparu ou sont devenus caduques.
Ainsi les églises de l’ABEPEN ont fusionné avec l’AEEBLF en 2002, rejointes ensuite par l’église du Tabernacle.
En 2000 on compte 40000 personnes fréquentant les cultes baptistes dont 12000 baptisés.
NB : d’après Les églises baptistes ; Un protestantisme alternatif, Etienne Lhermenault, éditions Empreinte, 2009 et Sébastien Fath p38-64
Dermière minute
15 juin 2010, le CNEF (Conseil National des Evangéliques de France) rend officielle son existence et nomme comme premier président le pasteur baptiste Etienne Lhermenault, ancien secrétaire général de la FEEBF.
L'AEEBLF, la FEEBF, la FECBC font partie des unions d'églises du CNEF , manifestant leur volonté d'union dans la diversité.
Pour aller plus loin:
Désolée de ne pas vous donner de photos, aucune n'étant libre de droits pour le moment.
L'essentiel de cet article est tiré du livre Les églises baptistes ; Un protestantisme alternatif, Etienne Lhermenault, éditions Empreinte, 2009 et Sébastien Fath p38-64
A voir en video: Eglises baptistes , Toute une histoire, diffusé le 17/01/2010, sur Présence Protestante, France 2, 30mn
A voir également l'exposition. 400 ans du baptisme
site du CNEF et églises membres: http://www.cnef.info/