Les autres courants de la Réforme protestante

Publié le par Marie-Christine


Introduction

On retient le plus souvent les noms de Luther et de Calvin au sujet de la réforme. Mais bien d’autres courants sont représentés, et qui ne s’entendent pas toujours entre eux, si ce n’est sur leur opposition à l’église catholique.

 

 

Courants de la Réforme

La réforme de Zwingli en Suisse alémanique

Ullrich ZwingliUlrich Zwingli (1484-1531) est le grand réformateur de la suisse alémanique à Zurich. Né à Saint-Gall en 1484, il devient curé de Glaris. Puis il devient aumônier dans l’armée suisse et suit les troupes de mercenaires suisses. Suite à la bataille de Marignan (1515 contre la France) il devient contre le service de mercenaires, et se met à dos ses paroissiens de Glaris, grands fournisseurs de mercenaires.

Il est acquis aux idées de la réforme qui rejoignent les siennes. Il condamne le jeûne et le célibat ecclésiastique, la mariolâtrie, participe à des disputes théologiques à Zürich dont il sort grand vainqueur. Zurich passe à la Réforme en 1523.

Il est excommunié en 1526 par les catholiques.

Il souhaite que toute la confédération suisse devienne protestante, mais n’arrive à rallier que les comtés de Berne, Zürich, Bâle, Glaris, Schaffhouse.

Une guerre civile naît entre cantons catholiques et protestants.

En 1529, il essaie de rallier les princes protestants allemands, mais ses relations avec Luther sont assez difficiles. Ses tentatives diplomatiques échouent et il se retrouve isolé.

A la bataille de Kappel en octobre 1531 c’est la défaite, et Zwingli est tué dans la bataille.

Du coup, c’est l’arrêt de la progression de la Réforme en suisse.

 

Zwingli était allé beaucoup plus loin que Luther  dans la Réforme : alors que Luther ne voulait réformer que ce qui était scandaleux, Zwingli voulait abolir tout ce qui n’tait pas enseigné dans la Bible. Il diffère de Luther sur la Cène, pour lui c’est un mémorial, il n’y a pas de présence réelle dans les espèces, et aussi sur les images, qui doivent être retirées des églises.

 

Martin Bucer, disciple de Luther et réformateur de l’Alsace, s’était rapproché des idées de Zwingli sur plusieurs points. Du coup l’église de Strasbourg était à mi-chemin entre le luthérianisme et le zwinglianisme. Bucer essaya de rapprocher les deux mouvements de réforme lors du colloque de Marbourg. Les deux parties étaient d’accord presque sur tout sauf sur la Cène, ce dont le colloque prit acte.

 

Par la suite, grâce à son successeur et gendre, Henri Bullinger (1504-1575), et en 1549 les églises se rattacheront au calvinisme par le consensus de Zurich en 1549.

 

Comme Luther et plus tard Calvin, Zwingli n’approuvait pas les opinions des anabaptistes et les a réprimés (voir le paragraphe sur les anabaptistes ci-dessous).

La réforme dissidente : Les premiers anabaptistes

Conrad Grebel Alors que les mouvements luthériens, zwingliens, anglicans, calvinistes avaient formé des églises protégées par l’Etat et dont les citoyens devaient faire partie, quelques uns voulaient former une église séparée de l’Etat, dont ne feraient partie que les adultes vraiment convertis. Ils s’opposaient au baptême des enfants et rebaptisaient les adultes. D’où le nom d’anabaptistes qu’on leur donna. Ils refusaient aussi  d’être magistrats, de prêter serment et de porter les armes, car il faut se séparer du « monde ». La cène n’est pour eux qu’un symbole. Le pasteur est élu par la communauté.Felix Manz

Ils ne croyaient pas à la prédestination (contrairement aux calvinistes) et insistaient sur la nécessité des bonnes œuvres.

Les premiers chefs étaient Conrad Grebel, Félix Manz et Jörg Blaurock. Grebel avait été collaborateur de ZwingJörg Blaurockli. Il reproche à Zwingli de laisser le conseil de la ville de Zurich décider du passage à la réforme. Zwingli lui reproche de rebaptiser les adultes (1er baptême le 21 janvier 1525).


Finalement inconciliables, Zwingli fait mettre Grebel en prison où il mourra, chasser Blaurock et noyer Manz dans le lac de Zurich en 1527.


Michaël Sattler rédige la première confession de foi anabaptiste en 1527 à Schleitheim, avant de mourir en martyr sur le bûcher.



Les anabaptistes sont persécutés à la fois par les catholiques et par les protestants, mais arrivent à se multiplier en Suisse, en Allemagne et en Bohême dans différents groupes indépendants : Frères suisses, Huttérites, Brethen ,. ….
En général les anabaptistes étaient non violents, mais certains de ces groupes seront clairement déviants comme les disciples de Melchior Hoffman et Jean de Leyde aux convictions très millénaristes.

Thomas Müntzer sera aussi influencé par ces anabaptistes millénaristes.

 

Plus tard Menno Simons ( 1559) arrivera à réorganiser les communautés anabaptistes à partir de la Hollande. Elles s’appelleront églises mennonites. Ces églises persécutées partout seront tolérées au Pays-Bas. 

 

La réforme radicale : Thomas Müntzer et la guerre des paysans

Thomas MuntzerEn 1524 des paysans d’Allemagne du Sud avaient formé la Ligue paysanne. Ils voyaient en Luther un libérateur. Ils voulaient mettre un terme au système seigneurial : réduction des impôts et des corvées, abolition du servage.

La Ligue dégénère en véritable mouvement de révolte avec à leur tête Thomas Müntzer (1489-1525), ancien moine qui se réclame du luthéranisme. La révolte se répand et fait tâche d’huile.

Les autorités font répression. Après avoir d’abord conseillé la modération aux deux parties, Luther finit par condamner la révolte, qui compromettait l’avenir de la réforme, en risquant l’anarchie. La répression du 15 mai 1525 est terrible: Thomas Müntzer sera décapité et massacré.


Müntzer, nommé pasteur en 1520 par Luther lui-même, s’écarte de lui en développant ses propres idées. Il trouve Luther trop proche des autorités civiles. Il est touché par la condition sociale des paysans qu’il veut libérer pour qu’ils puissent avoir du temps pour prier et lire la Bible. Millénariste influencé par  Jean de Leyde, il croit la fin des temps proche, et donc dans l’urgence, accepte la violence pour rétablir l’Eglise apostolique et préparer plus vite le règne de Christ.

Plus tard, les communistes verront en lui un précurseur. 

Les antitrinitaires

On ne peut pas parler là de réforme protestante, mais ce courant de pensée est contemporain, donc on le cite ici.
Michel Servet  en vient à considérer la Trinité comme une erreur. Il est condamné par l’église catholique. Il essaie de convaincre Calvin sans succès, et sera condamné par l’église de Genève à être brûlé vif.

Les sociniens (Lélius Socin, Lucius Socin) rejettent la trinité, l’expiation, le salut par la foi et le baptême des enfants.

 

Conclusion

Certains courants qui nous semblent aujourd’hui tout-à-fait acceptables et sympathiques ont eu tort d’avoir eu raison trop tôt. L'heure n'était pas encore venue pour la séparation des églises et de l'Etat, ni pour la liberté individuelle. Mais les germes qui se réveilleront lors des réveils piétistes sont déjà là. 


Pour aller plus loin

Sur ce site voir aussi les articles: La Réforme Luthérienne , La réforme calviniste, Les réveils piétistes

Sur wikipedia: pages Zwingli , Anabaptisme, Munzer

Sur Hérodote : Un suisse rival de Luther

Sur le musée protestant, article sur Zwingli

Sur le site de l'Eglise réformée de l'Etoile, l'article sur Zwingli

Sur Un poisson dans le net: l'article de Paul Sanders sur Bullinger

Sur Promesse, l'article Zwingli et les anabaptistes

Sur le site du Centre Mennonite, leur bibliographie

On lira avec intérêt l'article "Calvin et les anabaptistes", de Neal Blough, in Théologie évangélique vol.8 N°3, 2009 

Publié dans Temps modernes

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A
<br /> ah les réformes....<br /> <br /> <br />
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