Apogée de la papauté et schisme d’Occident
Plan:
Introduction
Il ne faut pas confondre le schisme d’Occident dont nous allons parler avec le schisme d’Orient qui consacre la séparation entre l’église d’occident catholique et l’église d’orient orthodoxe.
La période considérée se situe entre la rupture avec l’église orthodoxe et la réforme protestante. Durant cette période la puissance de la papauté va être à son apogée.
Là se passeront des événements déjà étudiés comme les Croisades,la lutte contre les « hérétiques » et autres discours dissidents, l’inquisition, les ordres monastiques, mendiants et chevaleresques.
L’apogée de la papauté
A cette époque la séparation de l’église et de l’état n’existait pas, ne se concevait même pas et toute la question était de savoir quelle puissance contrôlait l’autre. Après avoir, en vain, essayé d’établir la suprématie de l’évêque de Rome sur les patriarches de l’église d’orient, celui-ci va affirmer son autorité sur tout l’occident.
Conseiller de plusieurs papes avant d’être élu pape lui-même, le moine Hildebrand va conduire une réforme importante au sein de l’église.
- les cardinaux, électeurs de l’évêque de Rome seront recrutés dans toute la chrétienté et pas seulement à Rome.
-Ceux-ci seront les seuls électeurs du pape, qui ne sera plus imposé par un roi ou un empereur comme ses prédécesseurs.
En tant que Grégoire VI il continue :
- il impose le célibat à tout le clergé
- on ne pourra plus acheter de charges ecclésiastiques (hé oui !)
- les ecclésiastiques ne pourront être nommés que par d’autres ecclésiastiques ; les princes ne pourront plus les nommer.
Malgré la résistance des princes, en particulier Henri IV d’Allemagne, Grégoire VII tient bon et oblige Henri à s’humilier devant lui 3 jours à Canossa en 1077.
Cette querelle des investitures se termine par un accord en 1122: les évêques et abbés doivent être nommés par les clercs, puis confirmés par le pape et par l’empereur.
Ce pape a humilié Henri II d’Angleterre, après l’assassinat de Thomas Becket, archevêque de Canterbury. Henri II fut flagellé sur la tombe de ce dernier et obligé de rétablir l’immunité ecclésiastique qu’il avait supprimée.
(Ci contre image de l’assassinat de Thomas Becket)
Il a humilié aussi Frédéric Barberousse empereur d’Allemagne qui dût parcourir Venise à pied, la main sur l’étrier du pape.
Ce pape a privé Jean sans terre, roi d’Angleterre, de ses états, l’obligeant à être vassal et à payer un tribut au Saint-Siège.
En plaçant la France sous l’interdit, il oblige Philippe Auguste, roi de France, et infidèle à sa femme, à se réconcilier avec elle.
Dans toute l’Europe les rois se rendent tributaires de Rome.
Les autres papes continuèrent dans cette politique de puissance et deviennent de plus en plus ambitieux et cupides.
Ce dernier pape lance en 1302 une bulle Unam sanctam dans laquelle il affirme la suprématie du pape sur les souverains aussi bien dans le domaine temporel que spirituel.
o Le pape Urbain II lance les croisades en 1095
- o Renouveau des ordres monastiques (Bernard de Clairvaux (image ci-dessous) et les cisterciens), des ordres mendiants (François d’Assise et les franciscains, Dominique Guzman et les dominicains, augustins et carmes), des ordres hospitaliers et des ordres de chevalerie (Templiers, chevaliers de Saint-Jean, chevaliers teutoniques...)
o Renouveau de la théologie : la scolastique enseignée dans les universités, Anselme de Canterbury (1033-1109), Pierre Abélard (1079-1142), Thomas d’Aquin (1225-1274), Duns Scot( 1308)
o Multiplication des cathédrales romanes et gothiques
o Le culte se ritualise, la mariolâtrie se développe, la doctrine de la transsubstantiation s’érige en dogme au concile de Latran (1215)
o La répression aussi s’organise contre hérétiques et dissidents : renforcement de l’inquisition contre les Cathares, les Vaudois, et contre les prédicateurs anticléricaux.
Le déclin de la puissance papale- Le schisme d’occident
En réponse à Boniface VIII et à sa bulle, le roi de France Philippe le Bel le met en prison. Les Etats Généraux de France proclament que le roi est soumis à Dieu seul dans les affaires temporelles.
Les successeurs de Boniface VII ne contestent pas et se montrent dociles.
L’un d’eux, Clément V (1305-1314), français, établit sa résidence à Avignon.
Les papes suivants y restent pendant 70 ans et se discréditent par leur amour du luxe.
Le pape Grégoire XI (1370-1378) décide de revenir à Rome (1371).
En 1376 élection à Rome de Urbain VI, italien, mais certains cardinaux désavouent Urbain VI comme illégitime et nomment à Fondi le pape Clément VII qui s’installe à Avignon (1378).
Pendant 30 ans, l’Europe sera divisée : l’Allemagne, l’Angleterre, l’Irlande, le Portugal, l’Italie reconnaissent le pape de Rome ; La France, l’Espagne, l’Ecosse, le royaume de Naples et la Sicile celui d’Avignon.
Devant cette situation, un courant de pensée voudrait soumettre le pape au concile.
En 1409, le concile de Pise dépose les 2 papes intransigeants et nomme un 3ème Alexandre V puis un 4ème, l‘abominable Jean XXIII, mais en vain.
Conciles | Papes et antipapes | |||||||||||||
Rome | Grégoire XI | Urbain VI | Boniface IX | Innocent VII | Grégoire XII |
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Fondi 1378 |
| Clément VII | Benoît XIII |
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Pise 1409 | Alexandre V >> | >> | Jean XXIII |
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Constance 1415 |
| Martin V | Eugène IV | Nicolas V | ||||||||||
Bâle 1431 |
| Félix V |
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Jean XXIII convoque le concile de Constance (1415) qui dépose les 3 papes rivaux et nomme un 4èmepape Martin V. Le concile déclare la suprématie du concile sur les papes.
Le concile de Bâle (1431) se divise en 2 conciles (Bâle et Florence). Celui de Bâle nomme Félix V contre Eugène IV.
Les conciles ne sont finalement pas plus compétents que les papes pour régler la situation. Ci-contre image représentant les 2 conciles et les 2 papes.
Il y a multiplication des conciles et des antipapes.
Nicolas V arrive à obtenir de dissoudre le concile de Bâle avec le renoncement de Félix V (1449).
Par la suite, les papes réussirent à garder l’autorité papale face aux conciles.
A la fin du XVème siècle il y eu une série de papes indignes :
- Alexandre VI Borgia (1492-1503), célèbre pour son poison, et à la vie scandaleuse
- Jules II (1503-1513) met l’Italie à feu et à sang pour unifier l’Italie sous le sceptre pontifical.
- Léon X (1513-1521) pousse la vente des indulgences pour la construction de la basilique St Pierre. Il convoque le concile de Latran II (1512-1517) pour proclamer la suprématie du pape sur les conciles.
C’est la fin des croisades, faute de candidats pour répondre aux appels à la croisade. Constantinople sera prise par les Turcs sans que l’occident ne lui vienne en aide.
C’est aussi la fin des templiers, sous le roi Philippe le Bel et le pape Clément V.
La peste noire (1347-1348) tue environ 30% de la population, ce qui est interprété comme un châtiment de Dieu. On recherche des responsables. Ce sera le développement de la chasse aux sorcières et du mysticisme (les flagellants (image ci-contre), les représentations de danses macabres, Thomas a Kempis écrit l’ Imitation de Jésus-Christ ).
L’inquisition brûle les sorcières, Jeanne d’Arc, Savonarole, juifs et musulmans espagnols
Des voix critiques s’élèvent :
- le théologien angalais Guillaume d’Ockham (1285-1347), qui dénonce des raisonnements peu rigoureux
- le théologien anglais Wyclif (1324-1387) veut mettre la parole de Dieu au-dessus de l’autorité du pape, conteste la papauté et ses erreurs. Condamné en 1384
- le recteur de l’université de Prague, Jean Hus (1369-1415), critique les abus du clergé, est condamné par le concile de Constance et brûlé.(image ci-contre)
- Savonarole (1452- 1498) prêche la repentance
On conteste la corruption du clergé, son goût pour les richesses, les scandales, un enseignement en contradiction avec la parole de Dieu. On conteste aussi le népotisme des papes (de nombreux papes étaient neveux des précédents).
L’église est malade, la Réforme n’est plus très loin : en 1517, Luther affiche ses thèses. La Réforme va proclamer la suprématie de la Parole de Dieu sur le pape et sur l’Eglise.
Pour en savoir plus:
Le personnage de Guillaume de Baskerville, dans le nom de la Rose, d'Umberto Eco, est directement inspiré de Guillaume d'Ockam. C'est le moment de relire ce livre.
Sur Wikipedia, voir la liste détaillée des papes et l'article sur le Grand schisme d'Occident
Sur Hérodote, voir